Réseaux sociaux et Esport : le fléau du cyberharcèlement

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Ce qu'il faut retenir

L’émergence d’internet a fait apparaitre le phénomène de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux, dans l’Esport et désormais dans le metavers. Pour lutter contre le cyberharcèlement, il convient de prévenir le risque en sensibilisant les jeunes à l’école ou dans les clubs mais également de soutenir les victimes de cyberharcèlement.

Pour approfondir

Le phénomène du cyberharcèlement est né avec l’émergence d’internet et ne cesse de s’accroître au fil des années sur les réseaux sociaux, dans le Esport et désormais dans le metavers. Ce cyberharcèlement touche particulièrement les femmes. En effet, l’étude menée par Xbox et CSA (Consumer Science and Analytics) en juin 2022 démontrait que 72 % des joueuses d’Esport avaient déjà été harcelées alors que peu de condamnation ont été prononcées.

Après les gameuses, les streameuses dénoncent depuis octobre 2022, sur les réseaux sociaux et dans les médias, les propos et comportements de cyberharcèlement dont elles sont victimes ou témoins. De plus en plus présents dans le quotidien des influenceurs, des youtubeurs, des streameurs, des joueurs et même de toutes personnes, ces comportements doivent être pris au sérieux par les autorités.

La justice commence à prendre les choses en main lorsqu’il s’agit de cyberharcèlement de masse et plusieurs streameuses ont été reçues en novembre 2022 par Isabelle LONVIS-ROME et Jean-Noël BARROT. Malheureusement, peu de victimes portent plainte et peu de condamnations sont prononcées.

Dans l’objectif de prévenir et gérer au mieux le risque de cyberharcèlement dans le secteur de l’Esport, la DITP prévoit la conception d’un code de conduite commun aux acteurs de l’industrie du jeu vidéo en ligne.

La définition du cyberharcèlement

Le cyberharcèlement, ou harcèlement en ligne, est réprimé depuis 2014 [1], qu’il soit moral ou sexuel. Est ainsi considéré comme une circonstance aggravante le fait que les actes aient été « commis par l’utilisation d’un service de communication au public en ligne ». En 2018 [2], la répression s’est étendue avec l’inclusion des actes commis « par le biais d'un support numérique ou électronique » [3].

Ainsi, les propos tenus via les messages privés (Messenger, WhatsApp, Telegram, etc.) sont tout autant réprimés que ceux tenus en public sur les réseaux sociaux (Instagram, Youtube, Twitter, Twitch, etc.), les forums et chats (Discord) ou les jeux vidéo enligne.

Le harcèlement moral se caractérise par « des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation [des] conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale »[4].

Le harcèlement sexuel se manifeste quant à lui par « le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. » [5].

Ils se manifestent également lorsque les propos ou comportements sont imposés par plusieurs personnes de manière concertée ou, en l’absence de concertation, lorsque la personne à conscience que d’autres personnes agissent de manière similaire.

Exemple de comportements réprimés

Le harcèlement moral et/ou sexuel peut se matérialiser en public ou en privé. Il peut s’agir de commentaires ou d’un post, de la création de faux profils à l’encontre de la personne, voire de groupes de discussion contre la personne. Il peut également s’agir de messages privés, de photos ou de vidéos.

Les streameuses ou les joueuses Esport mettent en lumière sur les réseaux la liste des différents modes opératoires du harcèlement dont elles sont victimes. Il peut s’agir de conversations tenues sur les réseaux sociaux où les internautes les imaginent dans des jeux de rôle sexuels allant jusqu’à réaliser des montages photo ou vidéo avec la tête de la victime et à déclarer ouvertement dans les commentaires « je la viole ».

Celles-ci sont également victimes d’appels malveillants de la part d’hommes qui se font passer pour des livreurs, indiquant qu’ils sont devant chez elle puis proférant des menaces de viol ou de meurtre.

Pendant les jeux, lorsque des joueurs s’aperçoivent que le joueur est une femme, certains changent de comportement, se moquent, font des bruits d’animaux, essayent de les imiter avec une petite voix, ont des propos sexistes, etc. De sorte que certaines femmes préfèrent se cacher en changeant leur voix ou en se taisant.

La répression du cyberharcèlement

Depuis 2021, le pôle national de lutte contre la haine en ligne, rattaché au parquet de Paris, est compétent au niveau national en matière d’enquête, de poursuite, d’instruction et de jugement des faits de harcèlement sexuel ou moral dès lors qu’il existe une circonstance aggravante de discrimination ou de cyberharcèlement et que la plainte a été adressée par voie électronique [6]. Par exemple, l’affaire Mila a été coordonnée par ce pôle.

Le cyberharcèlement est sanctionné d’une peine de 2 ou 3 ans d’emprisonnement et 30.000 € ou 45.000 € d’amende selon la nature morale ou sexuelle de celui-ci.

S’agissant de harcèlement collectif, celui-ci a été reconnu en matière de harcèlement sur les réseaux sociaux pour « envoi de messages haineux, outrageants ou insultants ayant entraîné une dégradation des conditions de vie et une altération de la santé physique ou mentale des victimes », « envoi de messages malveillants réitérés en vue de troubler la tranquillité » et « violences sur avocat » et incitation de sa communauté à se livrer à un tel harcèlement [7]. De telles accusations sont aujourd’hui portées par Magali BERDAH contre Booba.

Mes préconisations :

Lorsque vous êtes victimes de telles propos ou comportements :

 Pour les clubs d’Esport et les agences, il peut être nécessaire :


[1] LOI n° 2014-873 du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes

[2] LOI n° 2018-703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes

[3] Article 222-33-2-2, 4° du code pénal ; Article 222-33, 6° du code pénal

[4] Article 222-33-2-2 du code pénal

[5] Article 222-33 du code pénal

[6] Article 15-3-3 code de procédure pénale

[7] Cour d’appel de Versailles, 28 septembre 2021, n° 634

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